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Il est sans aucun doute nécessaire de dire quelques mots sur le beau et intense livre du photographe Stéphane Spach « Parcelle 475/593 (éditions de « L’Atelier Contemporain. »)
Mais il est encore plus certain qu’il ne faut en aucune manière tenter de l’expliquer. Non que cela serait impossible. Mais parce que, ce qui se donne ici ne relève pas d’un tel regard. D’une telle démarche ;
Chacune des photographies auxquelles nous accédons, accompagnées de textes de l’artiste, nous en saisissons immédiatement le caractère intime. Elles surgissent comme des souvenirs, des sensations, des émotions lointaines. Mais dans leur présence que l’on pourrait dire absolue, indiscutable, évidente. Ce qui se montre ici, ce ne sont pas des recoins de jardin, des arbres, des bosquets, des herbes hautes sous l’air frais, des fleurs – presque toujours des fleurs – une table de métal, une autre en marbre peut-être, un banc en bois, un tas de feuilles sèches… Ce qui se découvre ici c’est, avant tout, le retour, celui d’un passé déjà lointain. Mais qui, on l’a évoqué d’entrée, est une présence, la présence elle-même : et donc la présence à soi et sans doute aussi, en soi.
La beauté de ces images ce n’en est donc pas le sujet qui se trouverait comme une esthétique réussie, mais « une esthétique » tout de même, et qui serait ainsi l’objectif du travail de Stéphane Spach. Ce n’est pas ce que nous voyons en parcourant les pages de ce « Parcelle 475/593 » – un livre dont il faut aussi souligner la grande réussite éditoriale. C’est ce que nous percevons dans l’instant comme le surgissement, secret pourtant, silencieux presque, mais qui s’impose aussi, sans bruit et qui venant jusqu’à nous, « re-venant » si l’on peut dire, est ici de chaque image, de chaque mot.
L’écrivain, essayiste, étonnant et remarquable analyste de la peinture et de la photographie qu’est Jérome Thélot (dont nombre d’ouvrages ont paru chez le même éditeur) conclu le livre de Stéphane Spach par un texte intitulé « Orphée photographe ». En quelques paragraphes il nous fait voir de façon lumineuse et parfaite l’art de Stéphane Spach. Ce qui anime ce photographe, ce qu’est son art. Et, de ce fait, Jérôme Thélot ouvre ici la voie à une interprétation du mythe d’Orphée et d’Eurydice que, sans doute, la plupart d’entre-nous n’attendait pas. Mais qui s’accorde si bien avec le propos du livre tout entier.